Frapper droit au but ou pratiquer la contre-attaque, à chacun sa méthode. Mais quelle que soit la tactique adoptée, négocier son contrat de travail nécessite un engagement et une vigilance sans faille, et pas mal de fair-play. Cette étape n’a en effet rien d’une simple formalité puisqu’elle entraîne des obligations pour les deux parties. Alors, êtes-vous prêt à mouiller le maillot pour être au top dans le mercato du boulot ?
Montrez votre sens tactique
Vous voilà dans la phase finale du grand championnat du recrutement ! Et ce n’est pas le moment de lever le pied et de relâcher ses efforts. Avant de signer définitivement le contrat de travail, il faut l’analyser dans les détails, point par point, discuter des clauses, bref, entamer les négociations. Cette ultime étape est une véritable épreuve de tirs au but, chacun voulant sortir vainqueur de la partie. Alors, attention à ne pas marquer contre son camp ! La négociation porte autant sur la rémunération (les salaires, les avantages en nature…) que sur des aspects plus génériques du travail (convention collective, gestion de carrière…) Et surtout, elle donne le ton des futures relations qui vont unir le salarié à sa nouvelle équipe. Ne croyez pas que votre souhait de négocier sera mal perçu du recruteur. Il ne pensera pas forcément que vous cherchez la petite bête. Au contraire, une négociation menée avec diplomatie peut démontrer vos qualités professionnelles. En faisant preuve d’un vrai sens tactique, vous confortez l’employeur dans son choix et lui montrez que vous n’êtes pas là pour jouer les remplaçants.
Allez droit au but
Le coup d’envoi de la négociation est capital. Dès l’entrée sur le terrain, vérifiez que l’essentiel figure bien sur votre contrat. A commencer par la définition exacte de votre poste et de votre statut. Certains intitulés de poste sont plus valorisants que d’autres. Préférez « assistant » à « secrétaire » par exemple ou « ingénieur développement » plutôt que « développeur ». Quelle que soit la dénomination, le document doit décrire précisément la fonction, les tâches et les responsabilités qui vous incombent. Indispensables aussi sur la feuille de match : la nature de votre contrat de travail (CDI ou CDD), la durée de votre période d’essai (qui peut être négociée lorsqu’elle est jugée trop longue et fait donc prendre un risque au nouvel arrivant) et la convention collective applicable. Enfin, vous êtes aussi en droit de savoir quand vous pourrez regagner le vestiaire. Alors n’oubliez pas les horaires de travail dans votre check-list. L’employeur doit mentionner s’ils sont fixes ou variables, si l’entreprise pratique le télétravail ou les horaires aménagés, de quelle manière sont rémunérées les heures supplémentaires …
Étudiez le prix de votre transfert
On vous veut dans l’équipe ? Alors, il va falloir y mettre le prix ! Commencez par étudier la proposition de l’employeur, en fonction du poste et des possibilités d’évolution. Négociez en salaire brut plutôt qu’en salaire net, et abordez la question de la base des 12 ou 13 mois d’entrée de jeu. Pas besoin d’entrainement intensif pour calculer votre salaire lorsqu’il est fixe. En revanche, il vaut mieux être un peu sur la défensive si des variations de rémunération sont prévues. Les primes de résultats ou d’objectifs par exemple doivent apparaître noir sur blanc avec leurs barèmes et leur mode de calcul. Et puis, il faut garder à l’esprit que la rémunération n’englobe pas forcément les mêmes choses d’un employeur à l’autre. Alors, soyez vigilant si l’on vous parle de participation, de primes, d’intéressement qui peuvent être compris… ou pas.
Assurez vos arrières
Examiner les clauses particulières d’un contrat de travail, c’est un peu comme se retrouver face au gardien de but avant de tirer le penalty décisif. Pas question de louper son coup. Il faut se concentrer sur les termes employés, évaluer les risques, être précis. Ces clauses ont beau être facultatives, elles sont à éplucher avec la plus grande attention.
Transfert en vue ? La clause de mobilité géographique peut contraindre un salarié à accepter de changer de lieu de travail sans modifier le contrat. En contrepartie, vous pouvez négocier que l’employeur prenne en charge les frais de déménagement, ou discuter son périmètre d’application surtout si vous avez un conjoint et des enfants scolarisés.
Passer dans l’équipe adverse ? La clause de non-concurrence est assez contraignante puisqu’elle interdit d’exercer une activité identique chez des concurrents après la rupture de contrat, dans une zone géographique et pendant une période définies. Elle est généralement inférieure à deux ans et ne doit pas empêcher le salarié de retrouver du travail. Si on vous l’impose, vous pouvez négocier une compensation financière.
Séances d’entrainement ? La clause de dédit-formation indique que le salarié doit restituer les frais de formation engagés par l’employeur en cas de départ anticipé de l’entreprise. Mais il est toujours possible de revoir ces indemnités à la baisse.
Interceptez les clauses abusives
Carton rouge pour l’employeur qui exige le respect de certaines clauses considérées comme une atteinte aux libertés individuelles, comme le célibat par exemple. Il en est de même pour toute clause discriminatoire, qui porte atteinte à l’égalité de traitement entre hommes et femmes ou toute autre aspect de la vie privée.
Décrochez le meilleur équipement
Pas de grandes performances sans un équipement de pointe. Pour aller chercher le score, vous aurez sans doute besoin d’un ordinateur, d’un téléphone portable, d’une voiture de fonction. Généralement, tous les avantages en nature doivent figurer sur le contrat avec une évaluation chiffrée. Cela évite de vous retrouver avec une voiture de fonction bas de gamme alors qu’on vous avait promis un petit bolide. Cela dit, faites le calcul avant de négocier un véhicule pour vos déplacements professionnels. Il arrive en effet que le remboursement des frais kilométriques soit plus avantageux. Dans certains secteurs spécifiques, mieux vaut demander certains avantages supplémentaires pour ne pas rester sur le banc de touche. Les salariés qui travaillent dans les métiers de représentation, mode, luxe, par exemple, et qui doivent être tirés à quatre épingles, peuvent demander une prime de vestiaire. Même chose pour un postulant dont l’entreprise pourra financer le déménagement et l’implantation à l’international.
Jouez les prolongations
Vous avez un doute, une question ou vous désirez modifier certains points ? N’hésitez pas à solliciter un arrêt de jeu. Vous pouvez parfaitement demander un délai de réflexion avant de signer, d’autant plus lorsque votre futur contrat contient plusieurs clauses négociables. Qui peut faire l’arbitre ? Une personne compétente, avocat ou juriste spécialisé, qui sera d’une aide précieuse pour relire le document et pointer les éventuelles sources de litiges. Bref, ne signez jamais à la va-vite et lisez le contrat à tête reposée. Vérifiez que vous retrouvez bien tous les éléments qui avaient été abordés lors des entretiens et si vous n’êtes pas rebuté par les textes légaux, vous pouvez aussi vous informer sur le droit du travail.
Ensuite ? Vous n’avez plus qu’à rejoindre vos nouveaux coéquipiers et fêter tous ensemble votre titularisation !