L’abandon de poste en intérim peut être risqué pour votre carrière. Si vous souhaitez arrêter une mission, sachez qu'il existe des alternatives simples. Dans cet article, nous vous expliquons les règles à connaître, les conséquences d’un abandon de poste en intérim, les démarches à suivre et les bonnes pratiques pour rompre un contrat de mission dans de bonnes conditions.
- qu'est-ce qu'un abandon de poste en intérim ?
- quelles différences entre une absence et un abandon de poste ?
- sous combien de temps une absence devient-elle un abandon de poste ?
- absence et abandon de poste : le cas particulier des motifs légitimes.
- quelle est la procédure en cas d’abandon de poste ?
- quels sont les risques et conséquences en cas d'abandon de poste en intérim ?
- comment quitter un poste en intérim et éviter un abandon de poste ?
- bonnes pratiques pour éviter l’abandon de poste intérim.
1. qu'est-ce qu'un abandon de poste en intérim ?
Un abandon de poste en intérim correspond à une absence injustifiée et non autorisée pendant un contrat de mission. Par exemple : si vous quittez volontairement votre poste ou lieu de travail, ou si vous ne vous représentez pas sur votre lieu de mission, sans prévenir votre agence d’intérim, sans autorisation et sans raison valable.
En intérim, vous signez un contrat de travail intérimaire qui définit vos conditions de travail (horaires, lieu, jours de travail). Ce contrat vous engage vis-à-vis de :
- L’agence d’intérim, qui est votre employeur légal.
- L’entreprise utilisatrice, où vous effectuez votre mission.
Si vous quittez votre poste soudainement ou que vous ne vous présentez plus, sans justification ni communication, l’agence d’intérim peut estimer que vous n’honorez pas votre contrat, et, sous certaines conditions, que vous abandonnez votre poste.
2. quelles différences entre une absence et un abandon de poste ?
Comme tous les salariés, en tant qu’intérimaire, il se peut que vous soyez absent pendant une mission pour plusieurs raisons. Vous pouvez tomber malade, avoir un accident de travail, ou un événement familial (mariage, décès, naissance, déménagement…). Dans ces cas, vous devez prévenir votre agence d’intérim (et éventuellement l’entreprise, par courtoisie 😇) et justifier votre absence. Si vous ne le faites pas, l'agence peut considérer qu'il s'agit d'une absence injustifiée et donc, potentiellement, d’un abandon de poste.
En résumé :
absence justifiée
-
Vous avez une raison légitime d’être absent (maladie, accident, congé exceptionnel…).
-
Vous prévenez votre agence d’intérim dès que vous le pouvez.
-
Vous fournissez un justificatif (certificat médical, attestation ou document officiel…).
-
Vous reprenez votre poste.
abandon de poste
-
Vous n’avez pas de motif valable (ou vous ne l’expliquez pas).
-
Vous ne prévenez pas votre agence d’intérim ni l’entreprise utilisatrice (c’est-à-dire, l’entreprise dans laquelle vous effectuez votre mission).
-
Vous ne fournissez pas de justificatif et ne communiquez pas avec votre agence et/ou l’entreprise utilisatrice pour justifier votre absence.
-
Vous ne reprenez pas votre poste.
3. sous combien de temps une absence devient-elle un abandon de poste ?
Si vous ne donnez aucune information ou justificatif sous 48h, l'agence peut être amenée à constater un abandon de poste après la mise en œuvre d’une procédure spécifique (qu'on vous détaille plus bas dans l'article).
La loi ne fixe pas de délai exact pour justifier une absence. En général, le délai pour avertir l'agence est précisé dans votre contrat de mission, une convention collective ou un accord d’entreprise. Toutefois, en pratique il est fortement conseillé de :
- Prévenir votre agence tout de suite, quand vous savez que vous ne pouvez pas venir (par exemple, la veille ou le matin même).
- Envoyer votre justificatif (comme un arrêt maladie intérimaire) sous 24 à 48 heures maximum.
4. absence et abandon de poste : le cas particulier des motifs légitimes.
Il existe des motifs “légitimes” qui vous excluent du cas d’abandon de poste. Ils sont notamment précisés dans l’article R1237-13 du Code du travail. Concrètement, votre agence d’intérim ne peut pas considérer que vous abandonnez votre poste, si vous êtes absent pour les 5 raisons suivantes :
- consultation d'un médecin : vous quittez votre poste en urgence pour vous rendre chez le médecin (veillez tout de même à justifier d’un certificat médical ou tout autre justificatif suite à votre rendez-vous médical).
- droit de retrait : vous cessez votre travail immédiatement, en cas de danger grave et imminent pour votre vie ou votre santé, d’après l’article L4131-1 du Code du travail. Dans ce cas, vous prévenez immédiatement l'entreprise du danger.
- droit de grève : comme tous les salariés, vous avez le droit de faire grève. Attention toutefois : partir seul en grève alors qu’il n’y a pas d’appel à la grève ou d’action collective peut être contesté.
- refus d’exécuter une instruction contraire à une réglementation : vous refusez de faire une tâche contraire à la loi ou aux règles d'hygiène et de sécurité. Si ce refus implique de quitter le poste pour ne pas commettre une faute ou un délit, ce n’est pas un abandon de poste. Vous devrez néanmoins être en mesure de prouver le caractère illégal de la tâche.
refus d’une modification du contrat de travail imposée par l’agence d’intérim : vous refusez une modification du contrat (comme un changement de lieu de travail ou d’horaires) qui ne vous permet plus d’occuper vos fonctions dans les conditions prévues par le contrat initial.
5. quelle est la procédure en cas d’abandon de poste ?
Pour que votre absence soit assimilée à un abandon de poste, voici les principales étapes de la procédure.
étape 1 : vous avez quitté votre poste ou ne vous y présentez plus.
Si vous avez quitté votre poste, lieu de travail ou que vous ne vous y présentez plus sans avoir eu d’autorisation, l’entreprise utilisatrice (dans laquelle vous effectuez votre mission) et l’agence d’intérim constatent votre absence.
étape 2 : l’agence essaie de vous joindre.
Votre agence d’intérim cherche à vous joindre (appel, SMS, mail, courrier) pour comprendre les raisons de votre absence et vous inviter à reprendre votre poste immédiatement. Elle vérifie si vous avez un motif légitime.
étape 3 : vous ne justifiez pas votre absence.
Si vous ne donnez aucun signe de vie et ne fournissez aucun justificatif sous 48h et que le motif ne semble pas légitime, l’agence d’intérim vous envoie une lettre de mise en demeure.
étape 4 : vous recevez une lettre de mise en demeure.
La lettre de mise en demeure a pour objectif de vous demander de justifier votre absence et de reprendre votre poste. Elle peut également indiquer que si vous ne reprenez pas votre mission, votre absence pourra être considérée comme un abandon de poste.
étape 5 : si vous répondez.
Votre réponse doit préciser la raison de votre absence, inclure un justificatif et informer l’agence de votre intention de reprendre le travail.
Si votre absence est justifiée ou légitime, votre contrat de mission se poursuit.
étape 5 bis : si vous ne répondez pas.
Si vous ne répondez pas et que vous ne revenez pas, l’agence d’intérim peut constater un abandon de poste.
À noter : si vous ne répondez pas et que vous revenez sans justifier votre absence et sans motif légitime, votre agence d’intérim peut vous sanctionner.
6. quels sont les risques et conséquences en cas d'abandon de poste en intérim ?
une rupture anticipée du contrat de mission pour faute grave.
Si vous persistez à ne pas vous rendre en mission et à ne pas justifier votre absence, cette absence constitue à terme un abandon de poste qui devient une faute grave. Dans ce cas, l’agence d’intérim peut mettre en place une procédure disciplinaire qui peut aller jusqu’à la rupture anticipée de contrat pour faute grave.
une annulation de l’IFM.
Si votre contrat de mission est rompu pour faute grave, vous ne percevez pas votre IFM intérim (article L1251-33).
des dommages et intérêts à verser.
si vous mettez fin à votre contrat d’intérim avant le terme prévu et après votre période d’essai sans justifier d’une embauche en CDI, d’une faute grave de l’employeur ou d’un cas de force majeure, vous risquez de devoir verser des dommages et intérêts à l’agence d’intérim (article L1251-28 du Code du travail).
une démission, si vous êtes en CDII.
Depuis le décret n° 2023-275 du 17 avril 2023, l’abandon de poste peut être considéré comme une démission pour les salariés en CDI qui ne reprennent pas leur travail après avoir été mis en demeure de justifier leur absence et de reprendre leur poste dans un certain délai. Ainsi, si vous êtes en CDI intérimaire (CDII), un abandon de poste peut être considéré comme une démission. Dans ce cas, comme toute démission, vous perdez vos allocations chômage.
mauvaise réputation.
Abandonner un poste peut aussi nuire à votre image et avoir des répercussions à plus long terme. Une agence peut décider de ne plus vous proposer de missions car elle considère que vous n’êtes pas fiable. L’entreprise utilisatrice peut aussi s’en souvenir, et cela peut réduire vos opportunités professionnelles dans la structure ou d’autres du même réseau.
7. comment quitter un poste en intérim et éviter un abandon de poste ?
Si vous ne souhaitez plus poursuivre la mission, il vaut mieux rompre votre contrat dans les règles légales plutôt que d’abandonner votre poste. Voici plusieurs possibilités :
pendant la période d’essai intérim.
Vous pouvez rompre votre contrat sans motif précis pendant la période d'essai. Voici 11 informations essentielles à connaître sur la période d’essai en intérim.
à la fin du contrat intérim.
Vous laissez simplement la mission arriver à son terme. Ensuite, vous êtes libre de partir et de refuser un renouvellement si votre agence vous en propose un.
rupture anticipée du contrat intérim dans certains cas.
Il existe des exceptions qui vous donnent le droit de rompre votre contrat d’intérim avant la fin. Par exemple si vous trouvez un CDI, en cas de faute grave de l’employeur, en cas de force majeure… Vérifiez les cas autorisés dans votre contrat ou auprès de votre agence.
⚠️Attention : certains contrats de mission mentionnent « un aménagement du terme », soit par exemple que « la fin de la mission peut être avancée à telle date ou reportée à telle date ». Sachez que cette flexibilité légale ne peut être utilisée que par l’entreprise utilisatrice. Vous ne pouvez pas décider vous-même de poursuivre ou réduire la durée de votre contrat et mission.
🔎 Vous souhaitez en savoir plus sur les possibilités de rupture de contrat intérim anticipée ? Découvrez comment rompre un contrat d’intérim.
8. bonnes pratiques pour éviter l’abandon de poste intérim.
- Prévenez vite : dès que vous savez que vous ne pourrez pas venir (maladie, problème urgent), appelez ou envoyez un message à votre agence.
- Envoyez vos justificatifs : certificat médical, preuve d’événement familial… Envoyez-les au plus tôt (sous 48h maximum).
- Restez en contact : si un souci se produit dans l’entreprise utilisatrice (horaires, conditions de travail…), parlez-en à votre agence. Elle est là pour vous aider.
- Anticipez votre départ : si vous voulez quitter la mission, informez l’agence. Discutez des possibilités pour rompre le contrat dans les règles.
En conclusion, vous l'aurez compris, quitter votre poste de travail ou ne plus vous y présenter, de votre propre initiative, alors que vous n’y êtes pas autorisé est risqué. Vous pouvez perdre votre mission et certains de vos droits (comme l’IFM) selon votre contrat. Mieux vaut donc communiquer avec votre agence d’intérim et respecter les démarches pour arrêter votre contrat dans de bonnes conditions.