Une fois fabriqué, un vaccin doit être acheminé jusqu’au patient. Plusieurs intermédiaires entrent alors en jeu, et sont garants de l’intégrité du produit. Une étape complexe, qui demande des investissements dans des équipements réfrigérants, mais qui repose également sur l’organisation, l’humain et la formation spécifique des intervenants. Antony Galineau, Directeur QSE (Qualité, Santé, Environnement) du groupe Eurapharma, en explique les principaux enjeux.
Un vaccin est un produit de santé fragile. Sa faible masse et le peu d’inertie thermique le rendent très sensible aux changements de température.
« Le plus critique dans la logistique vaccinale est donc le respect de la chaîne du froid. La totalité des acteurs de cette chaîne doit être en capacité de la maintenir, et de prouver qu’elle a été respectée (enjeu de traçabilité) ».
Il y a, d’abord, le grossiste qui se fournit directement auprès du laboratoire fabricant. Ensuite, vient le répartiteur qui livre les officines (petites quantités de médicaments livrés plusieurs fois par jour). Arrivent, enfin, les pharmacies qui distribuent les produits aux patients.
Stockage et transport : des opérations sensibles
Chacun de ces acteurs doit pouvoir stocker les vaccins dans les conditions définies par le fabricant. Traditionnellement, un vaccin doit être maintenu à une température entre 2° et 8°C. Le grossiste va ainsi disposer d’entrepôts réfrigérés ; le répartiteur, de chambres froides ; l’officine, de réfrigérateurs. Tout est surveillé 24/24h afin de détecter le moindre dysfonctionnement et pouvoir réagir immédiatement, via des systèmes de secours automatiques (groupe électrogène, par exemple) ou l’intervention de professionnels. Entre chacun de ces intermédiaires s’effectuent les opérations de transport.
« C’est là que se joue l’étape la plus délicate. Il y a bien sûr un enjeu matériel, avec les équipements adéquats, mais également un enjeu organisationnel lors des phases de chargement / déchargement. Le personnel doit être correctement formé aux procédures. »
Les transporteurs sont sélectionnés suivant un cahier des charges précis, et le plus souvent certifiés (comme la certification CEIV Pharma, délivrée par la IATA – International Air Transport Association – pour le transport aérien).
Des évolutions techniques pour renforcer le maintien de la température
Depuis quelques années, des solutions perfectionnées voient le jour, notamment en matière d’emballages réfrigérants.
« L’emballage n’est pas le même, que l’on envoie un vaccin au Canada (températures proches de -20°C en vol) ou en Afrique (conditions climatiques souvent caniculaires). Les développements techniques ont permis de mettre au point des emballages contenant des briquettes réfrigérantes qui maintiennent la bonne température ainsi que des traceurs miniaturisés qui monitorent les conditions de conservation pendant toute la durée du transport, et dont on peut extraire les données à réception. »
Ces emballages disposent en moyenne d’une autonomie de 3 jours, ce qui permet au logisticien de garder une marge en cas de problème.
« Chez Eurapharma, nous livrons le plus souvent en Afrique. Les vols durent en moyenne entre 6h et 12h. Nous avons toujours un vol de remplacement si le premier est annulé. Et si, pour des raisons que nous ne pouvons pas contrôler, tous les vols sont indisponibles, nous faisons alors revenir le chargement à l’entrepôt et réorganisons la livraison. Le vaccin est ainsi préservé. »
Vaccin contre la Covid-19 : des spécificités qui compliquent la logistique
Les vaccins ou candidats-vaccins contre le coronavirus ont des spécificités de conservation très différentes. Celui de Pfizer doit être stocké à -70°C ; celui de Moderna, à -20°C. Un défi, car la chaîne du froid de la distribution pharmaceutique est calibrée pour une plage de température conventionnelle, allant de 2° à 8°. Les acteurs ont dû s’adapter et trouver des solutions comme la glace sèche, dont l’efficacité peut durer une dizaine de jours.