De nombreux salariés européens estiment que leur employeur ne se soucie pas de leur niveau de stress et qu’il leur serait difficile de se confier sur un tel sujet. Toutefois, les jeunes abordent plus volontiers les problèmes de santé mentale.
Le stress au travail resterait-il un tabou pour les employeurs ? En partie, à en croire l’étude The Workforce View in Europe 2019*. Plus d’un quart (28 %) des salariés européens estiment que leur employeur ne s’intéresse pas du tout à leur bien-être psychologique et 38 % pensent que leur intérêt n’est que superficiel. Le sentiment reste assez semblable quand il est question d’un problème de santé mentale au travail. En effet, 30 % déclarent ne pas se sentir à l’aise pour en faire part. Parmi les moins réticents, 43 % pourraient en discuter avec des amis proches ou des collègues, tandis qu’un tiers (30 %) en parleraient à leur manager. Fait intéressant : seuls 13 % oseraient l’aborder avec les ressources humaines. Mais, selon les pays, les chiffres varient. Ainsi, en Pologne, presque la moitié (45 %) des collaborateurs déclarent que leur employeur ne s’intéresse absolument pas à leur santé mentale et presque autant affirment qu’ils n’oseraient pas faire part du problème à quelqu’un. En Suisse et en Allemagne, seuls 16 % assurent que leur patron ne se soucie pas de leur santé mentale et 80 % des salariés allemands oseraient discuter sans tabou de leurs problèmes personnels au travail.
Cependant, les comportements changent : en Europe, les 16–34 ans sont bien plus à l’aise que leurs aînés pour discuter de problèmes de santé mentale. Parmi eux, 78 % se confieraient à propos de ce type de difficulté rencontré au travail, contre seulement 61 % des plus de 55 ans.
Le niveau de stress reste élevé
Stressés ? Les salariés européens le sont. Plus d’un interviewé sur six (17 %) déclare subir un stress quotidien au travail. Bonne nouvelle néanmoins : avec une baisse d’un point de pourcentage par rapport à 2017, le niveau de stress retrouve celui observé en 2016. Néanmoins, à l’instar de 2017, seul un salarié sur huit (12 %) déclare ne jamais avoir subi de stress, soit une diminution de plus d’un quart (27 %) par rapport à 2016. Le même phénomène s’observe dans chaque pays. Les Polonais restent les plus exposés à un stress quotidien au travail (25 %), même si ce chiffre a très légèrement baissé par rapport à 2017 (27 %). De même, les Néerlandais sont les premiers à déclarer ne jamais subir de stress (22 %), contre seulement 4 % en Allemagne. Parmi les secteurs engendrant le plus de stress, on retrouve le commerce, les médias et le marketing, le retail, la restauration, les loisirs ainsi que les services financiers, où un collaborateur sur cinq subit un stress quotidien, soit quatre points de pourcentage de plus que la moyenne.
Investir dans la prévention ?
Selon Mental Health Europe, principale association européenne engagée dans la promotion d’une santé mentale positive au travail, « les stigmates liés au stress et à la santé mentale au travail demeurent une réalité en Europe. Un stress persistant peut provoquer un épuisement physique et mental, diminuer l’attrait des employés pour leur emploi, nuire à leurs performances, à la productivité et à la santé de l’entreprise. Quel que soit le secteur, les coûts associés à une mauvaise santé mentale au travail sont énormes. Investir dans la promotion et la prévention de la santé mentale au travail a des conséquences positives à court et long terme pour les salariés, les employeurs et la société. »
* The Workforce View in Europe in 2019 étudie les comportements et l’état d’esprit des salariés face au monde du travail actuel et leurs attentes vis-à-vis de leur environnement de travail futur. Les recherches ont été menées par l’agence d’étude de marché indépendante Opinion Matters pour ADP. L’échantillon se compose de 10 585 adultes actifs dans 8 pays à travers l’Europe : France, Allemagne, Italie, Pays-Bas, Pologne, Espagne, Suisse et Royaume-Uni.