Pas un jour sans que la blockchain ne fasse parler d’elle. Et pour cause : la promesse de cet outil garantissant l’authenticité des transactions est forte dans bien des domaines. Pour Don Tapscott, économiste américain, co-auteur de l’ouvrage « Blockchain Revolution », il s’agit même de la plus importante innovation technologique « de tous les temps » car c’est la première fois qu’il n’y a plus d’intermédiaire pour capturer la valeur. A la clé d’importantes transformations dans les entreprises et notamment dans les RH.

Adversaire du bitcoin en 2017, le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a fait machine arrière au printemps, assurant s’être pris de passion pour la blockchain. « Faisons preuve de beaucoup de pédagogie avec nos concitoyens pour faire de la France la première place d’innovation blockchain & crypto-actifs en Europe », a-t-il alors lancé. Preuve que les ambitions se multiplient autour du sujet.

La blockchain est un système décentralisé dans lequel des données sont stockées sur un nombre indéterminé de serveurs capables de surveiller et d’authentifier en temps réel des modifications apportées aux informations. Elle repose sur un réseau administré de manière collective. L’historique des transactions est détenu, en sa totalité, par les membres du réseau. Impossible donc d’effacer des données. Le dispositif s’appuie sur la cryptographie pour permettre de sécuriser les transactions de données, sans passer par un intermédiaire de confiance.

Cette technologie de rupture a déjà fait ses preuves dans la finance, avec le bitcoin notamment. Dans le secteur du travail, de véritables opportunités ont été détectées, même si pour l’heure peu de projets ont vu le jour.

Le recrutement repose sur un besoin réciproque de confiance entre employeur et candidat

Au premier chef, le recrutement. Il repose sur un besoin réciproque de confiance entre employeur et candidat. En garantissant la validité des informations apportées d’un côté comme de l’autre, la blockchain consolide cette confiance et facilite le recrutement.

Un matching plus pertinent et fiable

La mise à disposition de données de l’entreprise validées par la blockchain constituerait un atout considérable pour la marque employeur. Elle permettrait d’éclairer les candidats, qui sont plus de 60% à enquêter sur Internet ou sur le site carrière de  l’entreprise avant de postuler, selon Linkedin.

Côté employeur, la blockchain automatiserait de nombreuses tâches de saisie, de contrôle, de validation, d’enregistrement. Elle soulagerait le travail des RH, surtout dans la tâche la plus chronophage : la vérification des informations contenues dans les candidatures.

La blockchain faciliterait la traçabilité des informations contenues sur un CV comme l’obtention d’un diplôme

Selon une étude du cabinet de conseil en recrutement Florian Mantione Institut de 2018, 75 % des CV seraient trompeurs et 90 % des candidats trouveraient normal d’arranger leur CV. La blockchain faciliterait la traçabilité des informations contenues sur un CV et par exemple l’obtention d’un diplôme. En France, la startup BCDiploma développe cette technologie avec plusieurs écoles, dont l’IAE de Nantes. Lorsqu’un étudiant décroche son diplôme, il est inscrit dans la blockchain. L’étudiant dispose ensuite d’un lien qu’il transmet aux recruteurs.

Cette transparence totale garantirait une meilleure correspondance entre les candidats et les postes et stimulerait de fait la productivité des entreprises et notamment des PME, les plus en difficulté pour recruter les bons profils. L’impact sur la productivité serait aussi perceptible par l’allégement de tâches chronophages : le temps libéré pourrait être recentré sur d’autres activités plus rentables.

De la dématérialisation au suivi de carrière

Pour les ressources humaines, la blockchain impliquerait l’externalisation de certaines démarches, comme la dématérialisation des bulletins de paie et la signature des contrats de travail intelligents. Pour les entreprises internationales, l’usage de la blockchain offrirait une solution de paiement plus rapide, sans intermédiaire, et sans fluctuations de taux de change dans les versements de salaire, grâce à la cryptomonnaie par exemple.

Elle permettrait aussi un suivi de carrière simplifié pour les responsables RH. En utilisant un système de blockchain interne, ils pourraient disposer d’une authentification collective des compétences, mieux détecter les besoins de formation et certifier les nouvelles compétences acquises pour un parcours professionnel plus transparent.. Cette démarche porte déjà un nom : le « learnchain » ou comment se servir de la blockchain dans la formation.

À l’avenir, la blockchain devrait donc bousculer les entreprises et leur fonctionnement RH, selon Stéphane Diebold, docteur es économie, spécialiste de la prospection : « la blockchain interroge le propre même des entreprises françaises, très tournées autour du secret. Les modèles vont être bouleversés pour laisser place à plus de collaboratif et une décentralisation des centres de décision ».

Article paru le 21/08/18 dans resources.grouperandstad.fr, laboratoire de réflexion et d’action pour l’emploi.

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