Au cœur de l’actualité, la formation professionnelle n’échappe pas à la vague de digitalisation de l’économie. Mooc, e-learning, classes virtuelles et même réalité virtuelle permettent au plus grand nombre de se former tout au long de leur vie et avec souplesse. Cette évolution signe-t-elle la mort de la formation en présentiel ? Éléments de réponse.
En 2024, le chiffre d’affaires de l’e-learning devrait atteindre les 240 milliards de dollars, selon Global Elearning Market. Sans surprise, les États-Unis sont en tête du marché mondial, mais l’approche digitale dans la formation poursuit sa pénétration en France, pourtant plus en retard dans le domaine.
Ainsi, selon le baromètre du digital learning, publié en 2017 par Unow, les décideurs RH ont désormais bien pris conscience de l’importance de proposer des formations digitales à leurs équipes. Pour 96% des responsables RH, le digital learning est devenu incontournable. Et pour preuve : 62% d’entre eux ont vu leur budget pour ce type de formations progresser en 2017 et ils devraient être 73% en 2018. Si l’argument économique soutient le développement des formations digitales pour 72%, 77% des responsables estiment qu’elles permettent de diversifier les méthodes d’apprentissage et pour 58%, de personnaliser les formations.
« Le digital a modifié les offres de contenus et de services proposées par la formation et lui a permis de s’affranchir des lieux physiques et du planning, estime Michel Diaz, Directeur associé de Féfaur, spécialiste européen du conseil indépendant en stratégie Digital Learning et gestion des talents. La durée des formations s’étant fortement réduite (une dizaine de minutes pour des sessions e-learning), l’apprenant peut se former ponctuellement pour répondre à un besoin précis : la formation devient continue et elle resserre son lien avec le travail ».
Dans cette optique et pour faciliter la formation de chacun, Ifocop a par exemple lancé un programme de formations diplômantes permettant aux salariés de se former sans quitter leur emploi.
« On estime que 80% des professions de 2030 n’existent pas encore, explique Cécile Mousset, directrice de programme. Résultats : les métiers évoluent très vite et se réinventent à haute fréquence. Les salariés doivent donc s’adapter en permanence aux évolutions des process métiers et au rythme qui s’accélère ».
Des Moocs au mobile learning
Derrière le digital learning se cache donc tout un panel de méthodes d’apprentissage, de plus en plus nombreuses et adaptées aux usages contemporains.
Parmi les nouvelles méthodes d’apprentissage, les Mooc sont des formations en ligne en libre accès sur Internet ouvert à un maximum de participants et animé par un ou plusieurs professionnels du domaine. Une offre qui séduit depuis 2013. Selon les chiffres de My Mooc.fr, 2,4 millions de Français se seraient inscrits sur un Mooc en 2016 et 313 “massive open online course” ont été créés.
Plus récemment sont apparus les Spoc (Small private Online Course), dispensés à un nombre limité de participants et centrés sur la mise en pratique et les échanges avec le formateur, ou encore les Cooc (Corporate Online Open Course), réalisés par une société auprès de ses clients ou salariés.
Parallèlement, des formats différents sont apparus, s’adaptant aux nouveaux usages, comme le mobile learning, qui permet aux apprenants de se former directement depuis leur smartphone n’importe quand et depuis n’importe où. Un marché en pleine expansion qui a atteint 12 milliards de dollars en 2017.
Dans la même optique, l’adaptive learning propose des contenus pédagogiques s’adaptant aux spécificités de chacun via l’élaboration de séquences d’enseignement adaptées et basées sur l’analyse des statistiques de l’apprenant.
Intégrée avec les serious games, la gamification gagne elle aussi du terrain notamment outre-Atlantique, en mêlant plaisir du jeu et apprentissage. Une méthode qui permettrait d’accroitre de 10% la capacité de l’apprenant à retenir les informations de la formation suivie.
Complémentarité
L’essor de ces méthodes digitales ne signifie pourtant pas encore la fin des formations plus classiques, dites en présentiel, à court terme.
« Une formation qui ne serait que digitale serait vouée à l’échec, selon Michel Diaz. La formation solitaire trouve rapidement ses limites. Tout l’enjeu de l’accompagnement est de proposer des ressources online servant de supports à des interactions humaines dans une approche distancielle et synchrone comme la classe virtuelle ».
Les entreprises jouent plutôt la carte de la complémentarité entre digital et présentiel via le blended learning, selon Unow. 71% des responsables RH le préfèrent à des formations 100% digitales ou 100% en présentiel. Parmi eux, huit sur dix ont déjà mis en place des sessions e-learning et 71% ont parié sur des Moocs ou Spocs. Les classes virtuelles ont convaincu 55% des responsables, contre 43% pour le mobile learning.
Avec le blended learning, les formations présentielles sont de moins en moins vues comme le coeur de tout dispositif de formation, mais comme une modalité parmi d’autres.
Cette association de digital et de physique offre de la souplesse aux apprenants et permet aux entreprises de réaliser des économies, en diminuant le nombre de jours de formation en salle notamment.
« Contrairement au présentiel dont les coûts d’exploitation sont élevés et qui reste affranchi à la géographie, le digital ouvre ainsi la possibilité d’une formation universelle (pour tous), et segmentée, assure Michel Diaz. Le volume et la diversité de ses ressources lui permettent de réaliser le rêve d’une formation individualisée ».
Publié dans : Resources.grouperandstad.fr