Pour accompagner les industriels en quête de compétences, l’Institut de soudure leur propose des formations sur-mesure et clé en main pour qualifier des candidats en fonction de leur production et de leurs besoins. Témoignage de Clarisse Le Querrec, responsable commerciale, qui participe notamment à revaloriser l’industrie auprès des jeunes.
Depuis plusieurs années, l’industrie souffre d’un manque d’attractivité auprès des millenials. Quelles en sont les principales raisons au regard de votre expérience ?
Ce déficit d’image est principalement lié au poids de certaines idées reçues et à une méconnaissance quasi totale de l’univers industriel. En effet, les jeunes s’imaginent l’industrie comme un lieu sale, où le travail y est répétitif, pénible et les perspectives d’évolution très faibles. Nous ne sommes plus au temps de Germinal et pourtant des images sont encore vivaces. Les mentalités doivent changer car les métiers ont considérablement évolué et l’industrie s’est beaucoup modernisée, notamment en déployant des moyens pour réduire la pénibilité au travail.
Les stéréotypes associés au monde de l’industrie trouvent-ils le même écho auprès des jeunes que des moins jeunes ?
Les personnes en reconversion professionnelle dans nos formations associent rarement le monde industriel aux clichés habituels. Elles bénéficient d’une expérience, d’un certain recul et savent vers quoi elles s’orientent globalement. Elles mesurent ce que l’industrie peut leur apporter, comme une évolution de carrière ou des horaires fixes et stables, contrairement à d’autres secteurs qui nécessitent de travailler le week-end. En revanche, auprès des plus jeunes, les stéréotypes liés aux métiers manuels et à l’industrie et que j’évoquais précédemment ont encore la dent dure. Ils ignorent, par exemple, que le métier de soudeur n’est plus ce qu’il était et qu’il offre la possibilité de développer ses compétences et d’évoluer vers des métiers transverses et/ou à responsabilité comme chef d’équipe ou coordinateur en soudage. Les millenials s’imaginent aussi que la rémunération est nécessairement très faible. Pourtant, en revalorisant leurs métiers, les industriels ont compris il y a plusieurs années déjà que cela passait aussi par des salaires plus attractifs.
Que mettez-vous en place pour faire que les perceptions changent ?
Nous organisons, au sein de nos centres de formation, des demi-journées de découverte sur les métiers que nous connaissons, à savoir la soudure, la tuyauterie, le contrôle… Lors de ces sessions, nous faisons la preuve, à travers des tests et des mises en pratique sur des machines virtuelles notamment, que ces emplois ne sont pas si pénibles, si difficiles, si “archaïques” que les millenials le supposent.
Nous allons également à leur rencontre lors de salons et, sur les différents bassins d’emploi, nous travaillons conjointement avec des lycées, les collectivités, les missions locales pour permettre à des jeunes ou des moins jeunes de découvrir réellement ce que ces métiers recouvrent. Ils s’essaient à des tests pratiques et voient si tel ou tel métier leur convient. Fait important : pour faire tomber les préjugés, nous montrons également aux jeunes femmes qu’elles peuvent accéder aux métiers industriels grâce à la modernisation. Et elles le découvrent puisque, dans nos sessions de formation, nous observons une parité quasi parfaite.
Quelles sont les compétences en tension sur votre bassin d’emploi ?
Principalement les métiers manuels. Parmi ceux dont je suis en charge : les soudeurs, les chaudronniers, les plieurs et les métalliers restent des métiers très recherchés. Il semble également difficile de recruter des agents de production ou des conducteurs de ligne dans l’agroalimentaire. Globalement, toutes les activités industrielles connaissent une pénurie de compétences.
Concrètement, quelles réponses apportez-vous aux industriels qui peinent à recruter ?
L’Institut de soudure propose des formations sur-mesure et clé en main pour qualifier des personnes en fonction de la production et du besoin d’une entreprise. Dans les faits, quand un industriel recherche des professionnels à former, nous intervenons avec un technicien qui rédige un cahier des charges et proposons ensuite le parcours adapté aux compétences attendues. Notre philosophie est de travailler conjointement avec les entreprises, c’est essentiel. Ce que nous avons mis en place avec Manitou et Randstad Inhouse sur notre centre d’Ancenis, ouvert il y a un peu plus d’un an, illustre précisément notre démarche [cf article dans le magazine Inhouse n°7]. Nous avons monté ensemble une formation de soudeur pour répondre à la fois au manque de main-d’œuvre de notre client commun et accompagner sa hausse d’activité. À chaque fois qu’un besoin se fait sentir, nous développons de nouvelles sessions de formation qui se déroulent sur deux mois. Les stagiaires passent alors sept semaines au centre, puis deux autres en immersion chez Manitou à la production et terminent par une semaine de perfectionnement. Aujourd’hui, dans le cadre de ce partenariat, nous avons formé une quarantaine de soudeurs depuis le printemps 2018 et nous démarrons une nouvelle session en juillet.
Notre centre de formation, stratégique pour développer le pays d’Ancenis, propose d’autres formations à des clients tels que Toyota, Defontaine Rings, Thiévin et Fils…
Et si parmi les 250 références de formations que nous proposons, une d’entre elles ne correspond pas exactement à la demande formulée, nous nous adaptons en fonction de l’entreprise avec laquelle nous travaillons.
Quel est le profil des candidats éligibles aux formations ?
Nous ne recherchons pas forcément de profil type. Nous formons des jeunes et des moins jeunes, des personnes plus ou moins expérimentées, et aussi bien des femmes que des hommes. La motivation et l’envie d’apprendre un nouveau métier font la différence lors de la sélection et c’est ce qui transparaît au regard de nos bilans de positionnement. Nous avons la capacité technique de pouvoir accompagner des personnes, néanmoins si elles ne disposent pas du savoir-être nécessaire au développement de leurs compétences, nous ne pourrons pas le leur apprendre. J’aime dire que les personnes qui rentrent chez nous sont acteurs de leur formation.